Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

588 LES COMPLOTS MILITAÏRES

dre, la troupe de Pastor et 20 chasseurs à cheval du régiment de la Reine, formant environ 1.000 hommes, sont venus se former en bataille sur la route, près de la culée du pont, et que le commandant a fait jouer par la musique et chanter des chansons constitutionnelles, en criant : Vive l’armée française ! Nos troupes sont restées froides spectatrices de cette parade, n’ayant pas même pris les armes aux postes en signe de mépris (1). »

En dépit de ses faibles ressources, et peut-être de ses faibles espérances, Fabvier ne tenta pas moins l’aventure.

Il ordonna aux deux compagnies de se transporter à Irun, sur la Bidassoa, en face du village français de Béhobie (2). Elles y arrivèrent dans la nuit du 5 au 6 avril, et apprirent que le passage de l’armée était fixé au lendemain, 7 avril. Le pont qui joignait autrefois les deux rives avait été détruit par nous dans notre retraite de 1813 et n'avait pas été rétabli. Un bac servait au passage des voitures, particulièrement à la diligence de Bayonne à Madrid, tous les jours, vers onze heures. Fabvier comptait profiter de

la circonstance pour traverser la rivière. Dès que le

(x) Archives de la Guerre. Ibid., mars 1823.

(2) On sait que la Bidassoa forme, pendant plusieurs kilomètres, la frontière entre l'Espagne et la France, et qu’elle est célèbre par le traité des Pyrénées de 1659, signé dans l’île de la Conférence, que l’on voit encore, mais qui menace de disparaître.