Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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parler à haute voix. Fabvier toutefois n'apercevait pas les signes d'intelligence qu'il attendait. C'est que, pendant la nuit, six bataillons de l'avant-garde, gagnés au mouvement, avaient été renvoyés sur les derrières et remplacés par le 9e léger, sur lequel le gouvernement croyait pouvoir compter. Le général Vallin, de peur d’être accusé lui-même, était résolu à faire son devoir.

En entendant le chant des réfugiés et les interpellations échangées d’une rive à l’autre, le général accourt au galop et, sans parlementer, fait mettre la pièce en batterie et tirer. Les artilleurs obéissent, le coup part et n’atteint personne. Les réfugiés crient : Vive l’artillerie ! en agitant leur drapeau.

Vailin, pour toute réponse, fait recharger la pièce. Cette fois, la mitraille renverse morts le lieutenant Marotte et trois autres officiers. Le drapeau était abattu. Le lieutenant Benies le relève et l’agite avec une force nouvelle. Une troisième décharge éclate; mais, dirigée contre les Piémontais, elle n’atteint que les hommes de ce détachement, dont plusieurs tombent blessés.

Le général Vallin, au lieu de recourir au 9° léger, fait avancer une compagnie de gendarmes. Ceux-ci ajustent et tirent, Bénies est tué et le drapeau tombe encore. Alors les réfugiés se dispersent, laissant sur le terrain huit morts et quatre blessés, Derrière eux;