Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

— ombses

56 LES COMPLOTS MILITAIRES

polémistes habiles comme Benjamin Constant, des orateurs véhéments comme Manuel invoquaient, dans les débats parlementaires, les principes des libertés constitutionnelles. Ces doctrines abstraites, nouvelles pour un pays si longtemps déshabitué de la liberté, ne trouvaient d’écho que dans la bourgeoisie éclairée et la jeunesse des écoles, tandis qu'avec les souvenirs militaires de l'Empire, on était assuré de remuer le pays tout entier (1).

Le général Lamarque le disait, avec sa fierté de soldat : «Il n’est, avec la masse du peuple, qu'un point de contact, c'est le souvenir de la gloire passée à laquelle le plus mauvais hameau, la plus petite cabane ont pris une part active ; car dans tous les hameaux, sous le toit de toutes les cabanes sont les guerriers dela vieillearmée… Ils ignorent sans doute cette disposition de la nation les d’Argenson, les Bignon, les Chauvelin qui ne cessent de répéter qu'on parle trop de l'armée, qu'on s'occupe trop de nos victoires passées. »

Les d’Argenson, les Bignon, les Chauvelin avaient pourtant raison. Car, dans cette gloire de l'Empire, ce n’était pas la part la meilleure que l’on exaltait. Ce n’était pas cet immense effort de réorganisation admi-

nistrative, où Napoléon avait déployé autant de

(x) Voir Thureau Dangin, le Parti libéral sous la Restauration, in-8°, Plon, 1876.