Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMPLOTS 19

entière. Dans chaque régiment, il y avait trois espions en titre : un dans le corps des capitaines; un dans celui des lieutenants: l’autre surveillait les sous-officiers et les soldats. Des aides-de-camp, des généraux, un maréchal de France en faisaient partie(x). »

Le gouvernement avait d’ailleurs trouvé un moyen de multiplier la surveillance et d'organiser la délation, surtout dans l’armée. C'était de transformer en autant de mouchards les membres de la Légion d'honneur. On obligea les légionnaires, par une nouvelle formule de serment, à dénoncer tout propos séditieux ou qui leur paraîtrait dirigé contre la tranquillité publique et les lois de l’État. Clarke avait eu cette ingénieuse idée, et Macdonald n'avait pas craint de s’y associer par une circulaire du mois d'août 1816.

Ce qui caractérise la police de la Restauration, c'est qu'elle ne se borna pas à surveiller tous ceux, civils et militaires, qui pouvaient exciter ou justifier les défiances du gouvernement; elle s’étudia à les compromettre dans des intrigues coupables. Elle ne chercha pas seulement à prévenir les complots, elle travailla surtout à les provoquer. En dehors des nombreux dossiers que conservent nos Archives nationa-

(x) Peuchet, Mémoires tirés des Archives de la police, 6 vol. in-80, 1838, t. v.