Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMPLOTS 81

telle sorte qu'on ne pouvait manger des œufs à la mouillette sans être suspect; sans parler des bretelles non moins séditieuses, parce qu'elles étaient tricolores ; combien de projets mystérieux, combien de machinations subversives de l'autel, du trône, de la société, sont sorties du cerveau de policiers zélés, besogneux, ou simplement abjects! Telles furent les affaires du Nain tricolore, du Lion dormant, des Patriotes, etc. Telle, celle des Arnis de la Patrieou de l'Épingle noire, à cause de l’épingle en émail, à tête noire, que portaient les affiliés.

Pasquier en parle dans ses Mémoires (t.1v, ch. 5). Suivaut lui, l'association était certainement bonapartiste, recrutée parmi les officiers licenciés de l’armée de la Loire. Ils étaient fatigués des tracasseries que leur suscitait le général Despinois, alors commandant de la 1° division militaire (Paris).

« On assurait, écrit Pasquier, qu'elle avait des ramifications jusqu'en Belgique; qu'elle comptait parmi ses affiliés presque tous les réfugiés français. La police fit arrêter quelques membres. Ils furent mis entre les mains du procureur du roi, M. Jacquinot, excellent magistrat. Lorsqu'il eut examiné l'affaire, il demeura convaincu que c'était moins une conspiration qu’une intrigue, dans laquelle étaient entrés, pour se faire valoir, quelques-uns des misérables

agents de police qui, dès l’arrivée de Monsieur en 54