Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMP LOTS 87

gés dont six restaient sur le terrain. Donnadieu et le colonel Vautré la transformèrent dans leurs rapports en un soulèvement formidable dont ils n’avaient triomphé qu’au prix d’un combat acharné. Le général, avec sonexubérance habituelle, écrivait au ministre dela guerre (Clarke) que « les cadavres couvraient tous les chemins à une lieue autour de Grenoble ». Suivant lui, la conspiration avait des ramifications à Lyon, dans les départements du centre et jusque dans Paris. Il n’était pas loin de croire qu'il venait de sauver la monarchie, et il se flattait déjà, avec son fidèle Vautré, de la reconnaissance de Louis XVIII.

Ces dépêches causèrent une vive inquiétude au ministère, qui répondit, par le télégraphe, en mettant le département de l’Isère « en état de siège », et en donnant aux autorités militaires et civiles un pouvoir « discrétionnaire ».

Donnadieu et le préfet de Montlivault, ancien fonctionnaire de l’Empire, firent un effroyable abus de l'arbitraire dont on les armait. Non contents de 120 arrestations auxquelles on venait de procéder, ils publièérent des arrêtés où il n’était question que de peine capitale.

La cour prévôtale de l'Isère n'était constituée que depuis le 30 mars, et n’avait pas encore siégé. Elle commença par condamner à mort deux des prison-

niers, Drevet et Buisson, qui furent exécutés le 8, à