Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMPLOTS 93

ser une armée, formait des cadres de régiments, fabriquait des cartes correspondant à ces cadres, les distribuait, et surtout les faisait distribuer.

Le timbre de ces cartes portait les lettres V. N. {vive Napoléon). On lisait aux quatre angles des caractères qui signifiaient le gouvernement général, corps impérial, partisans. Il entretenait des correspondances avec les autres associations du royaume qui devaient agir de concert avec celle de Bordeaux; bref, il était la cheville ouvrière du complot.

Pendant qu’il préparait ainsi, sous l'œil bienveillant des autorités locales, un fictif 20 mars, Randon devait adresser ses rapports à un commissaire central de police établi à la Rochelle. Tout à coup ses rapports cessèrent. S'était-il laissé aller au remords, ou plutôt au plaisir de conspirer pour son compte ? L'autorité, inquiète, décida son arrestation et celle des adhérents qu’il avait réussi à recruter. C’est ainsi que furent renvoyés devant la cour d'assises de la Gironde 28 accusés, dont les principaux étaient, avec Randon (Laurent-FrédéricErmel), 24 ans, né dans la Seine-Inférieure, ancien lieutenant des douanes ; Maury, tisserand, domicilié à Béziers, et agent de Randon dans cette région ; Theron, officier en non-activité, qui s'était occupé de distribuer des cartes ; Bedrine, capitaine d’état-

major en inactivité, qui travaillait à l’organisation