Les hommes de la Révolution

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bourreaux; car les bourreaux ne versent de sang que celui que demandent les rois, et nos soldats étaient prêts à verser tout le sang dont le despotisme a soif. Non, ces soldats esclaves de huit ans, héros plus avilis que nos laquais et soumis aux coups de bâton, punis par les galères d'une désertion qui, dans la paix, ne peut jamais être un crime, et peut quelquefois être un devoir, et qu'en temps de guerre même, on ne doit punir que par l'infamie, et comme Rome châtia ceux qui avaient fui à Cannes; ces soldats, que nous voulons affranchir, ne tourneront point leurs armes contre leurs bienfaiteurs; ils viendront se réunir en foule à leurs parents, à leurs compatriotes, à leurs libérateurs, et les nobles s’étonneront de ne voir autour d'eux que la lie de l'armée, et un petit nombre d'assassins et de ‘parricides. Une pareille milice se dissipera devant la multitude innombrable des patriotes, comme les brigands devant la justice ».

Après ce couplet, Camille s'occupe de la délibération par tête et par ordre, une des questions qui passionnaient alors l'opinion. Puis il consacre un chapitre au clergé qu'il attaque violemment. Il passe ensuite à la noblesse. Enfin, : il nous montre ce qu'étaient les rois de l’ancienne France qu'il passe tous en revue. Ce morceau, à lui seul, est un chef-d'œuvre de verve et d'’esprit caustique. On voit défiler tour à tour Philippe le Bel, faussaire, faux-monnayeur; Louis Hutin, Philippe le Long, Charles le Bel, cocus célèbres et avares; Philippe de Valois, assassin et faux-monnayeur; Jean le Bon, d'une cupidité insatiable; Louis XI, compère du bourreau;