Les hommes de la Révolution

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quelque peu romanesque. Un jour, Camille risqua un aveu et bientôt Mme Duplessis mère devenait la confidente des deux jeunes gens.

M. Duplessis résista longtemps. Enfin, le 11 décembre 1790, il se laisse arracher le consentement désiré, Ce jour-là, Camille est fou de joie; il écrit à son père:

« Aujourd’hui, 11 décembre (1790), je me vois au comble de mes vœux. Le bonheur pour moi s'est fait longtemps attendre, mais enfin il est arrivé, et je suis heureux autant qu'on peut l'être sur la terre. Cette charmante Lucile dont je vous ai tant parlé, que j'aime depuis huit ans, enfin ses parents me la donnent, et elle ne refuse pas. Tout à l'heure sa mère vient de m'apprendre cette nouvelle en pleurant de joie. Quand sa mère me l’a eu donnée, il n’y a qu'un moment, elle m'a Conduit dans sa chambre; je me jette aux genoux de Lucile; surpris de l'entendre rire, je lève les yeux, les siens n'étaient pas en meilleur état que les miens; elle était tout en larmes, elle pleurait abondamment, et cependant elle riait encore. Jamais je n’ai vu de spectacle aussi ravissant. »

Le mariage fut mené rapidement. Les choses n’allaient pas assez vite au gré de Camille. Trois. fois, il réclame à son père le consentement de-

Robespierre l'œil dur et sinistre et qu’il tenait plus de l'orfraie que de l'aigle! Enfin, luimême avoue ingénument qu'il n'est pas joli garçon. En réalité, d’après le portrait peint par Boze à la Conciergerie, on peut dire que sa laideur est une laïideur spirituelle. Le sourire est narquois, le front large, les yeux noirs et ardents. ë