Les hommes de la Révolution

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Méditations, d'Hervey, les Nuits, de Young. Son

père, apprenant la triste nouvelle, écrivit à Fouquier-Tinville (1). Il le suppliait. Il lui disait: « Je te prie de scruter par toi-même et de faire scruter par le juré de jugement la conduite entière de mon fils et celle de son dénonciateur quel qu'il soit; on connaîtra bientôt quel est le plus véritablement républicain.» Et il signait: « Celui qui, jusqu'ici, s’est honoré d'être le père de Camille, comme du premier et du plus inébranlable républicain.» (15 germinal, Ile année).

Au Luxembourg, Camille retrouva Chaumette

s

qu’il avait contribué si fortement à y envoyer, Hérault de Séchelles, Simon et quelques autres; il était accompagné par Lacroix, Danton, Philippeaux. Les prisonniers ne furent pas peu surpris. (2) On crut à une contre-révolution. Camille re-

(1) Fouquier-Tinville était le cousin de Camille. Le 20 août 1792, il lui avait écrit pour lui demander «d'intercéder pour moi auprès du ministre de la justice, pour me procurer une place, soit dans ses bureaux, soit partout ailleurs!» Il ajoutait: « Vous savez que je suis le père d’une nombreuse famille. » Et il appelait Camille: #0n cher parent.

(2) Beaulieu, qui les vit arriver, raconte qu'ils se présentèrent bien. Camille gardait le silence, Danton dit: «Messieurs, je compfais bientôt pouvoir vous faire sortir d'ici; mais, malheureusement, m'y voilà renfermé avec vous; je ne sais plus quel sera le terme de tout ceci.» (Essais).

Quand ïils reçurent leur acte d'accusation, Camille écumant de rage, remonta dans sa chambre, Danton le plaisanta, Beugnot dit, qu'au moment de partir pour le tribunal, Camille s’écria: «Je vais à l’échafaud pour avoir versé quelques larmes sur le sort des malheureux; mon seul regret, en mourant, est de n'avoir pu les Servir. » :