Les hommes de la Révolution

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que celui-ci l’a blessé dans sa vanité. Il tombe sur Chaumette, sur Clootz, des doux et des rêveurs inoffensifs ; sur Hébert et les nouveaux Cordeliers, par envie et, peut-être par manque de courage; il ne se retourne contre Robespierre que lorsque celui-ci, dédaigneux, l’a blÂmé. Et à chacun de ces hommes, il fait de cruelles piqûres, les poussant tour à tour à la guillotine où il ira, lui aussi, chercher l’expiation et le pardon.

Ses débuts dans la vie littéraire ne furent pas - remarquables, ni dignes de l'être. Il est certain que Camille, esprit léger, tempérament d’épicurien, se complut à la confection de poèmes honteux. Toute sa vie, il demeura le même. Un jour, il entra chez le menuisier Duplay pendant l’absence de Robespierre et trouvant là, la plus jeune des filles, Elizabeth, il lui laissa des gravures .obscènes. Robespierre, de retour, demanda à la jeune fille de qui elle tenait ses gravures, et sur sa réponse, il pâlit et démeura soucieux. Ce trait dépeint entièrement Desmoulins. Comme Danton, il aimait la vie, les femmes, les plaisanteries grasses et sa morale était tolérante. Ce n'était pas l'homme qu'il fallait à la République de Saint-Just.

Sa politique? A la vérité, il n’en eut aucune. Tantôt soutenant Robespierre pour lequel il professait une admiration excessive, tantôt penchant pour Danton, il va d’un pôle à l’autre, excommuniant aujourd'hui celui qu'il louangeait la veille. Comme l'a dit Babœuf, c'était un faux logicien dont l'esprit était aussi gauche que son âme était