Les hommes de la Révolution

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droite (1). Car, tout de spontanéité, Camille certainement ne crut jamais faire mal et se figura toujours, même au moment où la haine l’aveuglait, servir la cause de la Révolution.

C'est ainsi qu'on le voit, au moment où la Terreur était plus que nécessaire, poussé par une sensibilité maladive, réclamer ces Comités de cléMence qui firent la joie des contre-révolutionnaires et cela, au moment, où il combattait avec tant de fureur les hébertistes. C’est ainsi qu'on l'avait déjà vu se lamenter en s’apercevant, trop tard, que ses écrits envoyaient les Girondins à la mort (2).

Plus d’une fois il se montra cruel. Mais Le fûtil en réalité? Dans le procès de Louis XVI, il fut particulièrement violent. D'autres fois, encore, il réclama des châtiments inouïs. Mais ne faut:il pas voir, dans ses écrits, dans sa terrible Iistoire

(1) Camille était un faux logicien: il avait l'esprit aussi gauche que son âme était droite. C’est bien avec raison qu'on dit aujourd'hui qu’il fut incapable d’être un conspirateur. Il ne savait pas faire concorder deux idées politiques et cela lui importait peu. Il sacrifiait volontiers le sens commun à trois passions qui le possédaient en écrivant: l'une de paraître excellent patriote comme il l'était effectivement: l'autre de se montrer un puits d’'érudition et de mémoire: la troisième, de faire régulièrement quatre calembours par phrase. A travers cette manie de jeune homme, perçaient souvent néanmoins quelques vérités utiles parce que l'intention était parfaitement pure.» (Gracchus Babœuf : Du Système de dépopulation ou la vie et les crimes de Carrier.)

(2) Camille était l’homme d'esprit le plus bête qui ait jamais existé (Bailleul).