Les hommes de la Révolution

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son du président de la Cour des Aïdes; n’eussé-je qu'excité cette sainte fermentation qui força les pères conscrits de déclarer irréprochables les auteurs de la brûle de la Bastille; avoir annulé huit cent soixante décrets de prise de corps déjà lancés et arraché à la mort cent mille patriotes que ce despotisme aurait immolé par le glaive du bourreau, sont de trop beaux trophées pour ne pas bénir la liberté de la presse.» (N° 440.)

L'Ami du Peuple est devenu le refuge de ceux qui souffrent de la tyrannie. De simples citoyens aussi bien de Paris que des provinces s'adressent à lui et il publie, sous sa seule responsabilité, les lettres dont il ne reproduit pas la signature.

Rien ne laisse indifférent. Il n’est pour lui pas de petite injustice. Il s'efforce d'attirer sur les victimes l'attention du public et du pouvoir. Parfois il s'adresse directement aux députés: « Je somme Barnave, Duboïs-Crancé, Robespierre, d'éplucher l'affaire avec soin.» (N° 277.) Un autre jour, il s'écrie: «Je mets la victime sous. la protection du comité de sa section.» (N° 272.)

On a profité de cela pour attribuer à Marat tout ce que contenaient ces lettres. C’est un tort. Michelet a prétendu même qu'il avait accusé Lavoisier. En réalité, c'était un des correspondants de l'Ami du Peuple qui était l'accusateur. Le seul reproche qu'on peut adresser à Marat, c'est d’avoir inséré — et comment aurait-il pu faire autrement? — sans les contrôler minutieusement les plaintes et les accusations qu'il recevait.

Il nous faut dire un mot sur son système de dénonciation qui constitue l’un des titres princi-

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