Les hommes de la Révolution

Sue

faudrait plus d'un volume pour narrer par le menu les persécutions dont il fut l’objet; les tracasseries et les vexations que lui infligèrent les pouvoirs coalisés contre lui.

De Londres, où il s'était réfugié, Marat n’en continue pas moins à s'occuper des affaires de France. Des brochures parviennent à Paris: 1°49pel à la nation, la Dénonciation contre Necker, la. deuxième Dénonciation contre Necker; puis Marat s'avise d’un nouveau moyen de propagande: le placard.

Cette idée lui a été suggérée justement par ses ennemis qui, les premiers, ont usé de ce procédé contre lui. Le 26 juillet 1790, les Parisiens se pressent autour du premier placard de l'Ami du Peuple: C'en est fait de nous, dans lequel ils lisent: « Je le sais, ma tête est mise à prix par les ‘coquins qui sont au timon des affaires de l'Etat; cinq cents espions me cherchent nuit et jour; eh bien! s'ils me découvrent et s'ils me tiennent, ils m'égorgeront et je mourrai, martyr de la liberté; il ne sera pas dit que la patrie périra et que l’Ami du Peuple aura gardé un lâche silence. »

En voici la fin:

« Cinq à six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur; une fausse humanité a retenu votre bras et suspendu vos coups; elle va coûter la vie à des millions de vos frères (1). » :

(1) On remarquera que Marat commence à réclamer des têtes et à établir ainsi sa réputation légendaire de tigre altéré de sang. Qu'on réfléchisse aux événements qui suivirent. Qu'on songe à septembre, à 1793 et l'on