Les hommes de la Révolution

SRE

À ce placard, l’Assemblée répondit par un nouveau décret et enjoignit au Châtelet de poursuivre Marat. Le 11 août, deuxième placard: On nous endort, prenons-y garde! Les 22 et 23, troisième et quatrième placard plus violents encore: C’est un beau rêvel gare au réveil! — L'affreux réveil, ce dernier à propos du massacre des soldats du Châteauvieux.

La police descend chez son imprimeur, enlève les formes, les caractères, menace l'imprimeur s’il ne dénonce pas la retraite de Marat. Chez la dame Meuguier, chargée de la vente du journal, on effectue la même opération.

Malouet dénonce l’Ami du Peuple à la tribune de l'Assemblée. Sieyès avait déjà proposé un projet de loi contre les délits de presse (1). Les journalistes révolutionnaires sont englobés dans les poursuites (2).

La lutte dura près de dix-huit mois, jusqu’à la fin de l'Assemblée constituante. Marat est obligé

verra combien l’Ami du peuple avait raison et combien. il était prévoyant. Les événements vont marcher: les ennemis du peuple vont grossir leurs rangs et bientôt il ne sera plus possible de se contenter de cinq à six cents têtes.

{1) Camille perdait courage dans cette lutte pour la liberté de la presse. Marat lui écrit:

«Cher Desmoulins, toi qui sais si bien égayer ton lecteur, viens apprendre à rire avec moi. Mais continue à combattre avec énergie les ennemis de la Révolution et reçois l’augure de la victoire» (n° 170).

(2) On verra les détails de cette affaire dans notre biographie de Camille Desmoulins.

Au cours de ces poursuites, Loustalot prit aussi parti pour Marat, notamment dans l'article: Affaire de M. Marat, phénomène politique. (Révolutions de Paris.)