Les hommes de la Révolution

HAS

de se cacher ét de fuir. Dans l'Oraison funèbre qu'il prononça le 9 août 1793, Guirault s'exprime ainsi :

« Il fallait le voir, traqué de réduit en réduit, souvent dans des lieux humides où il n'avait pas de quoi se coucher. Rongé par la misère la plus affreuse, il couvrait son corps d’une simple redingote bleue et sa tête d’un mouchoir, hélas! presque toujours trempé de vinaigre; un écritoire dans sa main; quelques chiffons de papier sur ses genoux: c'était sa table. »

Quelle trempe! quel caractère, il fallait avoir pour résister. Mais si résistant et si courageux que fut l’Ami du Peuple, l'existence qu'il menait ne pouvait durer. Il finit par contracter une maladie dartreuse dont il souffrait d’épouvantables douleurs et qui, de jour en jour, s'aggrava.

Au milieu de ces péripéties, en dépit du mal qui le ronge, Marat s'impose un travail qui aurait excédé les forces de plusieurs hommes. Il se soutient avec du café. Il rédige chaque jour, à lui seul, l'Ami du Peuple, que bientôt il va imprimer. Cela ne suffit pas à son activité. Il collabore à l'Orateur du Peuple, de Fréron; il crée un nouvel organe: le Junior français, maïs force lui est d’abandonner cette publication; il ne peut la mener à bout.

C'est au moment où il était ainsi traqué, et où il commençait à désespérer que Marat rencontra une âme pitoyable. Simone Evrard se fit la compagne des travaux et des infortunes de l'Ami du Peuple, qu’elle ne devait quitter qu'à la mort et dont elle défendit plus tard la mémoire.

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