Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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et qu'on lit aujourd’hui à Turin, sur le marbre blane de sa tombe: Fors l'honneur, nul soucy.
Mais la discussion engagée avec Adèle recommence bientôt et continue plus vive et plus piquante avec Constance. Constance sera plus difficile à persuader. Elle aura plus de peine à prendre en main là quenouille et le fuseau. A dire le vrai, je crois bien qu'elle ne les a jamais pris. D’une intelligence supérieure à celle d’Adèle, avec plus de goût encore pour les études littéraires, Constance avait plus de prétention aussi, une sorte d’exaltation de sentiments qui inquiétait à juste titre son père, et un certain penchant au bel-esprit. J'ai, d’ailleurs, quelque lieu de croire, d’après ce que m'ont raconté les personnes qui ont eu l'honneur de connaître madame la duchesse de Laval, qu'elle ne se corrigea jamais complètement de ces légers défauts, et que Constance eût pu profiter, mieux peut-être qu'elle ne le fit, des leçons de modération et de mesure que lui donnait si spirituellement son illustre père.
Le duel s’engage d'abord entre eux sur la question du latin que Constance voudrait apprendre, ce dont Maistre, sans l'en blâmer d'ailleurs, s’efforce au fond de la dissuader.
€ J'aime le latin pour le moins autant que l’alle« mand; » — lui écrit-il, — « mais je persiste à croire < que c’est un peu tard. À ton âge je savais Virgile «el compagnie par cœur, et il y avait alors environ