Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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jaillissaïent de sa plume comme elles s’échappaient de ses lèvres, avec cette vivacité, cette ardeur, cette flamme de jeunesse et de vie — de la vraie jeunesse, celle du cœur — qu’il conserva jusque sous l’épaisse couronne de ses cheveux blancs, ce qui faisait dire à un gentilhomme sicilien qui le voyait à Turin, dans la dernière année de sa vie: Le comte de Maistre ressemble à notre Elna; il a la neige sur la tôte et le feu dans la bouche. Klles nous le montrent enfin avec cetie puissance d’aimer, ce trésor inépuisable de tendresses paternelles qu’on ne se serait guère attendu, il y a quelque cinquante ans, à rencontrer chez le panégyrisle de la querre et du bourreau, avec ce don de parler à des enfants, de les suivre de loin dans leurs divertissements et dans leurs études, de les rappeler toujours, sous une forme douce et plaisante, au sérieux de la vie et à leurs devoirs.
Mais ces lettres nous font voir aussi, chez Joseph de Maistre, cette disposition à s’échauffer que je signalais dès le début, à s’exciter, à renchérir sur ses propres idées, ce penchant à l’exagération, ces owtrances de pensée dont parle Sainte-Beuve, Nous y retrouvons ces façons un peu dédaigneuses de grand seigneur qu'on lui a si souvent et si amèrement reprochées; et il nous semble que décidément M. de Maistre abuse du poivre de l'impertinence lorsqu'il va jusqu'à traiter de brillante quenille les Considéralions sur la Révolution française qui sont le chefd'œuvre de madame de Staël, ou, lorsque, dans une de ses lettres à Adèle, il lui parle de ce qu’il appelle l'indispensable nécessité de vivre bien avec tous les