Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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« apercevoir, mais jamais la montrer »; quand il écrit à Constance: « Il faut surtout vous taire et ne « jamais citer jusqu'à ce que vous soyiez duègnes », il parle exactement comme le Clitandre de Molière:
Je consens qu’une femme ail des clartés de tout; Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d'être savante; Et j'aime que souvent, aux questions qu'on fait, Elle sache ignorer les choses qu'elle sait. De son étude enfin je veux qu'elle se cache Et qu'elle ait du savoir sans vouloir qu'on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, El clouer de l'esprit à ses moindres propos (1).
En d’autres termes, pour Joseph de Maistre,comme pour Molière, la femme qui sait, la femme instruite, ne doit pas avoir honte, sans doute, de son instruction; mais elle doit avoir la pudeur de sa science. Il me semble que c’est là le langage du bon goût et du bon sens.
De même aussi, lorsque Maistre défend à la femme d'émuler Yhomme et qu'il va jusqu'à prononcer le sros mot de singe, fait-il autre chose, en définitive, que de lui interdire certaines ambitions, ou certaines professions, auxquelles tout le monde, je crois, est d'accord pour reconnaître qu’elle ferait mieux de ne jamais songer? La femme-médeein a sa raison d’être, pour des motifs que chacun comprend et sur lesquels il est inutile d’insister. Il n’en est pas de même, nous venons de le voir, de la femme-avocat et de la femme-
(:) Les Femmes savantes. Acte I‘, scène [T°.
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