Les impressions du comte de Las Cases sur l'Empire français en 1812

D RTE PH. GONNARD : dec

matérielle dans son origine, il n'est pas question (et on ne s’y attend pas) de désirs où de mécontements politiques ; on ne constate même pas d'irritation religieuse. Malgré l’'emprisonnement du pape, « le clergé est tranquille : » ou « bien intentionné ? » ou, au pire, « partie bon et partie mauvais 5 ». Du reste, son action n’est pas égale partout. Sien Beloique ilreste « très influent», si Las Cases remarque que dans le Finistère « les ecclésiastiques semblent mieux traités par les peuples qu'ailleurs », il note que, dans la Nièvre, « les communes montrent en général fort. peu de zèle pour remédier à l’insuffisance des traitements du clergé ; » insuffisance cependant notoire.

Ce n’est donc pas le cri de consciences violentées que perçoit parfois le maître des requêtes, mais celui d'intérêts en souffrance. Tout le nord, qui prospère par l’industrie, dont les blés se vendent bien, a très bon esprit. Dans la France dormante des grandes plaines du centre, la population, « indolente, paresseuse, » et « soumise » est facile à gouverner par cette indolence même, et « parce qu’elle se trouve plus dispersée, tandis | que la manufacturière, se trouvant naturellement réunie, est toujours bien plus prête aux murmures et aux mouvements dangereux. » Les montagnes, Auvergne, Pyrénées, ont une population laborieuse et facile. Mais le Midi souffre, et ne prétend pas souffrir en silence. Nous avons

vu déjà Marseille « se buter » dans sa routine et ses fausses espérances ; ti et, sous cette obstination couvent les haines furieuses qui éclateront en 1815. À Montpellier, « le peuple est grossier, mal dispose, et difficile à gouverner. » À Toulon, « Pesprit public est loin d’être aussi Calmequenun dans la plupart des villes que nous avons parcourues. Les têtes y sont a ardentes, et les cœurs y sont loin d’avoir oublié les dernières dissensions et les divers motifs de haine auxquels la différence des partis et des 3 opinions peuvent avoir donné naissance. » La Terreur Blanche se AE

| prépare. 1

Je viens d’insister sur les notes pessimistes de cette enquête; pourtant, parce que l’Empire esttombé, il ne faut pas croire que tout y était caduc, que partout il y avait des germes de dissolution; à revoir l’ensemble de ces notes (où la partie la plus prospère de l’Empire n’est pas décrite), on

. 1. Jemmapes. ; 2. Haute-Vienne. 3. Tarn-et-Garonne.