Les impressions du comte de Las Cases sur l'Empire français en 1812

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moyenne des cas, les centimes additionnels forment à peu prés la moñié du principal *, descendant parfois au tiers 2, ou au cinquième 5, s’élevant parfois jusqu’au chiffre du principal 4 Mais ce qu’il faut surtout considérer, c’est le rapport de l’impôt avec le revenu des habitants. Cette proportion est, dans presque dans tous les départements visités, du quart ou du cinquième 5. Le paysan français, qui donnait au roi, au seigneur, à l’Église, les quatre cinquièmes de son revenu, peut s’estimer heureux. Aussi la note est-elle presque invariable : « Les impôts sont bien payés, les impôts rentrent bien, les impôts vont à merveille. » En argent, la France ne semble pas avoir à donner plus qu’elle ne peut.

Mais en hommes ? Ici, malgré l’optimisme officiel des renseisnements préfectoraux, perce l'inquiétude. Sans doute, il est des départements qui ont d'excellentes notes : dans le Vaucluse, « la conscription va à merveille ; le préfet s’est vu dans le cas de refuser des gardes nationaux de Done volonté ; point de réfractaires. » La Charente. l’Indre-et-Loire, donnent satisfaction. Dans l’Allier, sur 1.200 conscrits, il n’y a eu que onze réfractaires ; le Tarn-et-Garonne, plus exemplaire encore, n’en a eu que douze en quatre ans. D’autres départements, jadis répréhensibles, se sont corrigés ; dans l'Ardèche, « on comptait, il y a deux ans jusqu’à 600 réfractaires, on en voit à peine dix aujourd’hui. » Même transformation dans l’Ariège. Mais quel miracle l’a produite ? Ce que Las Cases dit de la Haute-Vienne l’explique, en termes d’une ingénuité un peu comique. « Les réfractaires ont cessé; la colonne mobile a porté le dernier coup, et désormais, la conscription est nationalisée. » La colonne mobile ne suffit pas toujours à mafionaliser la conscription ; car on tient en prison à Montauban « des parents de conscrits réfractaires, par mesure de haute police, jusqu’à ce que leurs enfants se présentent. » Le Lot-et-Garonne n’a pas deréfractaires, en revanche il abonde en déserteurs « qui finissent par devenir chefs de bandes. » Et l'excès des charges militaires imposces par l'Empereur ranime le brigandage, détruit par le Premier Consul. La France ne se révolte pas, elle commence à se dérober.

IX

L'opposition a pour cause les vies perdues, les intérêts lésés ; elle est

Manche, Calvados, Indre-et-Loire, Charente, Gard, Ariège. Vaucluse, Haute-Vienne.

Bouches-du-Rhône.

. Ardèche.

Un cinquième dans la Haute-Vienne, le Maine-et-Loire, le Calvados, un dixième dans le Gard, — un dixième dans l'Ardèche,

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