Les impressions du comte de Las Cases sur l'Empire français en 1812
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surtout de ne pas se buter, soit en obéissant à une ancienne routine, soit en se livrant à de fausses espérances, à attendre dans loisiveté et le découragement le retour de l’ancien et même commerce. »
VII
Pour soulager ces miséres, qu'a fait le gouvernement impérial ? Dès 1808, on a construit des dépôts de mendicité pour recueillir lesindigents, mais « l'expérience démontre que la mendicité n’est nullement diminuée par les dépôts déjà établis. » En effet, le régime y était fort doux et agréable, « d’où il résultait que l'admission y est briguée comme une faveur. » C’est que les administrateurs de ces dépôts et des autres établissements d’assistance « sont généralement mus par un esprit de bienfaisance et de philanthropie qui a bien plus besoin d’être modéré qu'excité.… Ils sont constamment portés à l’indulgence et à la libéralité, et il est difficile de leur faire comprendre que le sentiment le plus philanthropique, le plus moral et le plus louable est de répandre le bienfait comme récompense du travail, et non pas comme mouvement de pure charité... Ils se font remarquer par une indulgence excessive et une humanité mal placée, qui fait que tous les hommes qui sont sous leurs ordres sont infiniment mieux que les laboureurs honnêtes et les braves soldats. On les trouve toujours prêts à être les avocats zélés de cette classe si digne de châtiments. » Pourquoi digne de châtiments ? C’est que la plupart mendient par paresse. Les manufactures, les travaux publics, offrent à leur activité un emploi dont elle ne veut pas profiter. « Dans l’état actuel des choses dans l'Empire, tout homme qui a besoin de travail est à peu près sûr de trouver de l'emploi, » et il ya assez de générosité privée pour secourir à domicile les vrais malheureux.
Pour atténuer les effets de la famine, le gouvernement a fait distribuer dans plusieurs départements des soupes gratuites aux indigents. Les préfets se plaignent que ce genre de secours comme la douceur du régime dans les dépôts de mendicité, encourage la paresse et donne de mauvais résultats.
VIII
En échange de cet ordre général, de ces prospérités et de ces secours locaux, le gouvernement exige des populations deux sortes de sacrifices : les impôts — la conscription.
Les impôts varient par l’inégalité des charges départementales: dans la