Les serviteurs de la démocratie

112 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

1799, on discute à la Convention la liberté de la presse. Le représentant Lepelletier défend la thèse de la liberté indéfinie. Danton se lève, et de sa puissante voix: « La liberté de la presse, s'écrie-t-il, ou la mort! »

Quelques semaines plus lard, le 30 novembre, des membres de la Convention demandent qu'on applique toutes les sévérités de la loi au clergé catholique. Danton se prononce, au contraire, pour la temporisation et les mesures conciliantes: « On bouleversera la France, dit-il, par l'application trop précipitée de principes philosophiques que j'aime, mais pour lesquels le peuple, et surtout celui des campagnes, n’estpas mûr encore.»

Un an après, sur la même question, Danton s'exprime ainsi : « L’Assemblée ne peut salarier aucun culte, mais elle exècre la persécution et ne ferme point l'oreille aux cris de l'humanité ! Citoyens, accordez des secours à tous les prêtres, à la condition que ceux qui sont

encore dans l’âge de choisir un état le prennent, et

qu'ils ne puissent prétendre au budget de la nation après s'être procuré les moyens de subsister.» Cest déjà, on le voit, la thèse de la séparation de l’Église et de l’État opérée sans violence.

Sur la question du droit de réunion, Danton n’est ni moins net, ni moins formel, ni moins libéral. Le droit pour tous les citoyens de se réunir, de discuter et de délibérer, est pour lui un droit naturel. Le 3 décembre 1793, Danton affirme à la tribune « que les citoyens peuvent se rassembler d’après le droit que leur en a donné la nature, et que, pour gérer ce rassemblement, ils n’ont besoin de recourir à aucune autorilé. Que nous sommes loin de la théorie du commissaire de police-providence !

Danton n’est pas moins intéressant à étudier lorsqu'il