Les serviteurs de la démocratie

144 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

IV

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à f La modération d'idées, la fermeté libérale que Danton eut dans les principes ne lui fit pas défaut lorsqu'il s’agit des personnes qui appartenaient au parti répurblicain, Avec la perspicacité d’un homme d’État, il comprit tout de suite que, pour vivre, la République avait besoin à la fois et des Girondins et des Montagnards. Il travailla à les réconcilier, à les unir; mais il rencontra, comme obstacle à sa volonté, l’égoïsme haineux de Robespierre, l’intempérance oratoire et la. turbulencé des Girondins. Danton voulait pacifier, et il se heurtait sans cesse à des hommes avides de récriminations. Me Roland, dont il avait blessé la vanité, excita contre lui les plus éloquents orateurs de la Gironde. Aux avances de Danton, Lasource, Guadet, Gensonnéfépondirent par des paroles de colère ou de mépris : « Ah! tu m’accuses, répondit Danton à Guadet, tu ne connais pas ma force! » et il opposa violences de langage à violences de langage. C'était le 19 avril 1793 qu'il parlait ainsi. Six jours après, il redevenait débonnaire et conciliant. Il faisait l'éloge de Vergniaud, il affirmait que si les républicains avaient paru divisés, en réalité ils étaient d'accord pour le bonheur des hommes. Ces nobles sentiments ne désarmèrent pas les Girondins, qui redevinrent agressifs contre Danton. Lassé, il les abandonna.

V

Le grand révolutionnaire n’était pas à Paris lors de l'exécution de ses implacables accusateurs. Il apprit leur