Les serviteurs de la démocratie

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promoteurs de la Révolution française, on ne peut s'empêcher de sourire en lisant dans certains livres que les hommes de 1789 étaient des aventuriers et des ignorants !

Il

Bailly n'avait pas seulement l'esprit vaste, il l'avait très original. Le paradoxe ne déplaisait point à ce vrai savant. Par exemple il soutint, dans un livre sur l’Aélantide de Platon, que les sciences, et particulièrement l'astronomie, avaient été créées par un peuple dont la : trace était perdue.

A cette époque, de semblables imaginations devenaient facilement à la mode. L’inconnu servait à expliquer le connu. La poésie et la science se donnaient la: main. Un ami particulier de Bailly, Court de Gebelin, soutenait à la même heure, dans le Monde primitif, qu'il y avait une langue universelle autrefois parlée par tous les hommes, mais qui s'était égarée et travestie en dialectes nombreux. Bailly cherchait la science originelle et Court de Gebelin la langue primitive, lorsque la Révolution éclata.

Bailly, déjà très populaire en France comme savant, fut nommé député aux États généraux par la ville de Paris. Les électeurs de ce temps-là, on le voit, ne choisissaient pas mal leurs délégués. Le nouvel élu, arraché à ses chères études, accepta fièrement la fonction de représentant du peuple. Elle était environnée de périls. On ne devait point tarder à s’en apercevoir. Elevé par ses collègues à la dignité de président de l'Assemblée constituante, Bailly occupait le fauteuil pendant la mémorable séance du 20 juin 1789. Ce jour-