Les serviteurs de la démocratie

ADOLPHE CRÉMIEUX

Adolphe Crémieux naquit à Nimes à la fin du siècle dernier. Reçu avocat, il s’illustra auprès des Nimois en défendant, après les jours sanglants de 1815, les victimes de Trestaillon. À cette époque déjà, il était en possession de cette virtuosité oratoire, de cette malice bon enfant qui firent de lui un des orateurs les plus extraordinaires du barreau français. Sans doute, il n’avait pas tous les dons extérieurs réclamés par Quintilien dans sa Rhétcrique. Petit de taille, pourvu plutôt qu’orné d’une grosse tête, trapu et massif, il rappelait non PApollon du Belvédère mais un des juifs lourds que Rembrandt aimait à mettre dans ses eaux-fortes. Les défauts extérieurs de-Crémieux, très visibles lorsqu'il ne parlait pas, disparaissaient dès qu’il prenait la parole. Son esprit élait un talisman qui embellissait tout. Au surplus, sa voix mordante et chaude lui rendait l’auditoire sympathique.