Les serviteurs de la démocratie

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ADOLPHE CRÉMIEUX 243

Il

Le peuple souverain ne fut pas ingrat envers ses défenseurs.#{l fit de Crémieux un membre du Gouvernement provisoire et un ministre de la Justice. En cette double qualité, l'orateur nimois prit part à ces mesures glorieuses : l'abolition de la peine de mort et l'établissement du suffrage universel. 11 comprit que la République devait s’occuper des questions sociales, et il proposa de remplacer le régime de la séparation de corps par la loi du divorce. Ce furent alors, de tous côtés, des cris et des protestations; il semblait que l'éminent jurisconsulte eût mis en avant une idée diabolique. Les caricaturistes surtout s’acharnaient après lui. Crémieux, le défenseur du National, de la Tribune, de la Gazette de France, du Constitutionnel, Crémieux, partisan absolu de la liberté de la presse, laissa tout dire, tout écrire, tout dessiner. Il subit en riant les caricatures, les quolibets, les calomnies et persista noblement à soutenir la cause du divorce.

Pendant toute la durée de l’Assemblée nationale et de la Législative, le grand orateur israélite fut constamment sur la brèche pour la défense et la revendication des idées vraiment républicaines. Il eu l'honneur d’être l'adversaire de Montalembert et Phonneur plus grand encore de défendre devant la cour d'assises les deux fils de Victor Hugo; ceux-ci étaient accusés d’avoir diffamé l’échafaud dans le vaillant journal de Vacquerie, l'Événement. Crémieux plaida pour eux, suivant l'expression de leur père, « avec une éloquence électrique », mot heureux et vrai. L'incomparable avo-