Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

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tout je puis vous dire sans flatterie que, s’il y a au monde une circonstance qui puisse m’engager à croire à la vérité de ce que les Français affirment, c’est de vous voir persuadé de l'exactitude de leurs données.

D'un autre côté, loin de contester dans leur principe, ni même dans la plupart de leurs détails, les observations Judicieuses que vous faites sur les omissions dans le titre des dépenses, je ne sais pas si on ne pourrait pas attaquer avec succès quelques-uns des principaux articles sur lesquels vous les avez constituées. Les 50 millions, p. e., que vous assignez au culte, ne les embarrasseront pas beaucoup. Il n’en payeront rien, et voilà l'affaire finie. D’abord, pour les Curés, dont l'entretien fait pourtant l’objet principal, je suis persuadé que le Gouvernement n’y pensera pas même et qui [qu’il] laissera généreusement le soin de les nourrir aux fidèles qui voudront profiter de leurs travaux. Seriez-vous fort surpris, si les départements recevaient l’ordre de pourvoir au salaire de l’évêque par quelque centime additionnel? — On prétend même, et un homme très instruit qui a été longtemps à Paris me l’a affirmé dernièrement, qu’un arrangement pareil existe déjà; je ne puis pas l’affirmer ; mais en général j'ai toujours cru que ce qouvernement atroce trouverait infiniment moins de difficulté à diminuer arbitrairement la dépense, qu’à élever la recette au gré de ses vœux et de ses passions.

Les observations que vous avez faites sur la partie de mon mémoire qui traite de la dépense, et surtout sur le parallèle entre les charges anciennes et nouvelles ont commencé par w’attrister un peu, car j’attachais quelque prix à cette partie de mon travail; mais j'ai fini par m'en consoler; d’abord, parce que la plus grande partie de ces observations est d’une vérité incontestable, et que je dois vous savoir gré d’avoir relevé des erreurs dans lesquelles j’étais tombé ; ensuite parce que nous nous rapprochons extrêmement dans notre résultat final. Il y a cependant une chose, sur laquelle je ne puis être d'accord avec vous, c’est votre opinion sur la dôme ; je persiste à croire que la dîme n’était point une charge publique,