Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRA N CAISSE. 9 Jancer fa trop grande puiflance de lPAutriche; maïs fi vous vous réuniflez, fire, dans la guerre ac le avec cette puiffance ; fi celle-ci triomphe, fi elle s'empare de la Lorraine & de l'Alface | comment enfuite pourrezvous lui réfifter ? Elle vous prefcrira des loïs ; elle vous dépouillera de la Siléfie ; elle vous réduira à ne plus jouer qu’un rôle fubalterne parmi les fouverains , & vous n'aurez plus de reffource dans la France , que vous aurez ruinée, & qui eft véritablement la feule grande puiffance qui foit aufli intéreffée à votre aggrandiflement, qu'à l’affoibliflement de la maifon d'Autriche,
Par votre alliance monftrueufe avec les cabinets de. Vienne & de Pétersbourg , vous. laïfferiez , fire, à ce dernier, la faculté de conquérir ou de ruiner la Pologne ; eft - il de votre intérêt qu’elle foit ruinée ? Votre majefté ne voit-elle pas que ce Royaume, par fa poftion , eft fon allié néceflaire; qu’en acquérant par fa nouvelle conftitution une confiftance plus aflurée, elle lui devient de da plus grande utilité, & que, dès que l’ordre & la paix feront rétablis dans fes foyers, elle pourra déployer des forces réelles en votre faveur, fire , puifqu’elle a befoin de vous pour réffter à la Ruflie & à l’Autriche : il eft donc impolitique & dangereux pour votre majefté, de permettre le renverfement de Ja nouvelle conftitution de la Pologne , qui eft réelle. ment avantagenfe à vos intérêts , & qui, je le répète, n’a été faite que de concert avec vous.
On prétend aufli que vous êtes convenu, fire, avec l'Autriche & la Ruffie , de faire entre vous un nouveau partage de la Pologne ; ce projet feroïit défaftreux pour votre majefté, voici pourquoi : par ce partage , vos Etats, fire, ne feroient plus féparés de ceux de La Ruf-