Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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d'un de ces génies que la nature ne crée qu'une fois tous les siècles ; l’on met, si j'ose m'exprimer ainsi, sa pensée , son opinion, en condition chez les autres ; il en résulte qué la sensibilité se fane ou s’évapore : l'esprit, les yeux et les oreilles ne sont que trop souvent la sûre distraction du cœur ; comment seroit-on encore susceptible d'aimer fortement , lorsqu'on est contraint de dépenser son ame en menue monnoie , et de s'intéresser aux choses dont on ne se soucie que médiocrement. L'’habitant des ca-

itales est , comme le disoit Sterne, semblable à ces pièces de monnoïe usées par le frottement , il pert l'empreinte de la nature; contraint de s'approprier une légère portion de caractère particulier de ceux qui composent le cercle dans lequel il vit, forcé enfin par des convenances tyranniques de s'asservir au caméléonisme d'usage; son ame n'est plus , ne peut plus être qu'une pièce de marqueterie ; aussi l'homme aiïmable est bien rarement l'homme qu'il faut aimer.

De l'Imprimerie de la Société Nationale des NeufSœurs, Quaides Miramiones ,N°. 1Q.