Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
28 REY O LU Tron traitez pas comme une poignée de brigands, & défavouez les ontrages que vous lui avez adreffées.
La famille royale eft reftée dans la falle de l’Aflemblée Jufqu’à trois heures du matin, qu’on la conduite dans un appartement volfin, en attendant que celui du Temple fût préparé pour la recevoir, & elle y a été tranfportée au milieu des huées du Peuple. Cette famille a été témoin de nouvelles accufations contre elle , de ce qu’on a décrété pour la dépouiller de tout moyen de nuire, & des précautions qu’on a prifes pour prévenir & empêcher les trahifons qu'elle avoit préparées dans l’armée, dans les places fortes, & dans les corps adminiftratifs.
Tels font les effets qu’a produit votre manifefte, monfeigneur & le fapplément ; croyez-vous que {a famille royale de France & les émigrés vous aient de grandes obligations ? L'événement d'hier a beaucoup diminué le nombre des royaliftes ; s’il y en a encore dans Paris D
certainement ils n’oferont plus fe montrer ; d’ailleurs Ja royauté dépouillée de la lifle civile , n’a plus d'attraits pour ces gens-là,
Je vous le repète, monfeigneur; je ne concois pas qu'on ait pu vous déterminer à défendre une fi mauvaife caufe, & à figner des écrits auffi impolitiques , aufli indécens ; il eft encore temps, reconnoillez les erreurs dont on vous a enivré, & défavouez vos menaces outrageantes; on ne parle point un pareil langage à une Nation de vingt-fept miflions d'hommes, dont plus de x millions font armés. À une Nation pleine d'énergie, d'honneur , de lumières, & d'un orgueil bien placé. En entendant vos menaces, monfeigneur, on feroit tenté de croire que vous aviez déjà gagné fept ou huit batailles, & pris trois ou quatre places fortes en France. Ce