Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
ESBRNESN CAT SE à fire; vous rappeler les principäux faits qui caraétérifene les perfonnages pour lefquels on veut vous intéreffer ; cet examen fera fentir à votre majefté combien il feroir impolitique pour elle d'employer fes armes; & de dif= fiper fes tréfors pour des gens qui ont abfolument voulu fe perdre. Laïflez; fire, les petites paffions aux hommes ordinaires, les grands princes ne doivent fe laifler guider que par de grands motifs; par des intérêts de la plus grande importance; on vous dira, fire, qu’un monarqué magnanime doit protéger & fecourir des princes infortunés ; oui; lorfque leurs revers viennent d’imprudences ou de fautes pardonnables ; mais, fire; des princes qui fe font perdus par une foule de vices honteux & de crimes impardonnables, fans aucun mélange de vertus ni de talens; des princes qui ont eu la lâcheté de fuir & d’abandonner la caufe du trône, lorfqu’ils pouvoient encore la défendre , bien loin de mériter la compaffion de votre majefté, ne doivent éprouver que fon indignation; elle doit les abhorrer, comme coupablés d'avoir rendu méprifable & odieufe la royauté françaife.
.… On veut vous faire craindre ; fire, que l'exemple de la France ne devienne contagieux ; & n'introduife Pefprit d’infurreétion parmi vos peuples ; cette crainte eft chimérique ; & pour s'en convaincre, que votre majefté daigne confidérér quelles circonftances ont déterminé l’infurreétion des Français ; elle n’a éu lieu que parce qu’ils étoient excédés des maux qui défolent une monarchie toutes les fois que le monarque eft ignorant , infouciant, incapable de gouverner par luimême : les Français n’ont feconé le joug; que parce qu’ils étoient au comble de la misère, que parce que leur
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