Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

NOT

Souffrir que le soldat meure de faim, soit sans solde, et prétendre qu'on a reçu en don, des provinces, des sommes qui lui étaient destinées, c'est par trop impudent; il n’y a plus moyen de faire la guerre. Faites surveiller Saint-Cyr. Le détail de leurs dilapidations est inouï. — NAPOLÉON.

(Correspondance de Napoléon I‘, t. XI, p. 217.)

Au RoI DE NapPLes. — Saint-Cloud, 3 juin 1806. …… Masséna est un bon soldat, mais entièrement adonné à l'amour de l'argent; c’est là le seul mobile de sa conduite, et il n'y a que cela qui l’ait fait marcher, même sous mes yeux. C'était d’abord par petites sommes; aujourd’hui des milliards ne suffiraient pas. — NAPOLÉON.

(Correspondance de Napoléon I, t. XH, p. 525.)

J'ai beaucoup connu Masséna à Naples; c’est sous ses ordres que je fis le siège de Gaëte. En 1806, après le siège, le roi Joseph me chargea auprès de lui d’une commission bien désagréable. Le roi me fit appeler un soir à onze heures et me dit: «Le maréchal déteste mon chef d'état-major Berthier, mais il a beaucoup d’amitié pour vous; et je vous ai choisi pour lui annoncer que l'Empereur a fait saisir et confisquer trois millions que Masséna avait déposés chez un banquier de Gênes; ces trois millions proviennent d'échanges de monnaies faits dans les provinces vénitiennes, et le vice-roi s’en est plaint comme d’une exaction. »

Cette commission était délicate, je priai en vain le roi

de la confier à un autre; il insista; je dus obéir. Me

voilà donc à minuit, au palais Acton, errant à la faible lueur d’une lampe à moitié éteinte, dans une grande salle qui servait d’antichambre à la chambre à coucher du maréchal. Je frappe d’une maïn timide, je me nomme à demi-voix, et il vient m'ouvrir, coiffé d’un bonnet de coton et enveloppé dans une grande robe de taffetas vert.

« Monsieur le Maréchal, je suis chargé par le roi de vous annoncer une bien mauvaise nouvelle. — Qu’estce? Parle. — C’est bien malgré moi que j'ai accepté une mission aussi désagréable. — Parle donc, viens-tu m'ar-

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