Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

9% LORD CASTLEREAGH ET LA SECONDE RESTAURATION.

appuyait sur des considérations d'équité, de prudence, d'intérêt bien entendu : il disait qu’on n’amènerait jamais l'empereur Alexandre à adhérer à des conditions aussi dures pour la France; il représentait que si l’on désirait smcèrement l’affermissement du trône des Bourbons, il ne fallait pas, après les avoir présentés à la nation française comme des médiateurs entre elle et l'étranger, comme un moyen de détourner les vengeances de l'Europe, se servir d'eux pour lui imposer des sacrifices trop pénibles et trop humilians. Il n'était pas, suivant lui, d’une bonne politique de laisser au gouvernement russe l'honneur et les avantages du rôle de protecteur exclusif de la France. Sans doute il y avait entre l'Angleterre et les deux grandes cours allemandes une identité d'intérêts qui n’existait pas au même degré avec la Russie; « mais, ajoutait-il, je dois pourtant vous faire remarquer que ces deux cours ont besoin d’être surveillées de près en ce moment quant à la manière dont elles poursuivent leurs fins particulières. Je soupçonne que ni l'Autriche, ni la Prusse, et je suis certain qu'aucun des plus petits états n’a le sincère désir d'arriver à un prompt arrangement. Aussi longtemps qu’ils pourront nourrir, habiller et payer leurs armées aux dépens de la France en mettant de plus dans leur poche les subsides de l'Angleterre... vous ne pouvez SUPpOser qu'ils soient très pressés d'en venir à un accommodement final. » Lord Castlereagh, développant sa pensée, montrait ces gouvernemens avides et pauvres appelant sans cesse sur le territoire français de nouveaux corps de troupes qui achevaient d'épuiser le pays; il affirmait que le nombre de ces soldats n’était pas au-dessous de neuf cent mille; il mettait de tels procédés en contraste avec ceux de l’empereur de Russie, qui, loin de faire venir de nouvelles forces, témoignait le plus grand empressement à renvoyer celles qu'il avait amenées avec lui aussitôt après la conclusion d’un traité qu'il hâtait de tous ses efforts. Se plaçant ensuite à un point de vue plus élevé, le ministre anglais invitait son gouvernement à ne pas accéder sans un mûr examen au vœu manifesté avec tant de vivacité par les cours allemandes pour l'amoindrissement territorial de la Fränce. À son _avis, quelque facile qu’il pût être en ce moment d'atteindre un pareil résultat, il serait malaisé d’en assurer la durée. En dépouillant ainsi la France, on rendrait bien plus probable le prompt renouvellement de la guerre, et les états entre lesquels on partageraït ses provinces n'étant pas assez forts pour les défendre à eux seuls, lorsqu'elle essaierait d’en reprendre possession, l'Angleterre, par cela même qu’elle aurait contribué à les leur faire obtenir, se trouverait enchaînée à l'obligation onéreuse de leur prêter son appui pour les défendre. Que si l’on se bornait, comme le proposait la Russie, comme c'était aussi l'avis du duc de Wellington, à occuper temporairement, par