Louis XVI et la Révolution

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aussi bien sur les députés. Ils ne savaient pas qu’en France le ridicule ne tue pas les gens qui ont la peau dure. A la mort du dauphin, Bailly demande à parler au Roi : « Quoi qu'il n’y eût rien de si simple, dit-il dans ses Mémoires, on en avait fait une nouvelle, ou plutôt une fable; on disait que j'avais importuné le Roi dans les moments de sa douleur, et avec une barbarie sans exemple. Ce qui faisait forger ces fables, c'était le désir de ridiculiser le tiers état; cette arme du ridicule avait eu de tout temps un grand pouvoir en France, on l’essayait contre la puissance nouvelle. » Ce procédé raffiné ne réussissant pas, on prit des moyens matériels pour essayer de couvrir la voix de ces députés gènants, et l’on dut bien rire à l’OEil-de-Bœuf de cette excellente plaisanterie : envoyer, aussitôt Louis XVI parti, des ouBAILLY. vriers déclouer à grands

coups de marteau les tapis-

series tendues pour la séance royale. Mais on vit bien vite à qui l’on avait affaire. Le marquis de Brézé, pour avoir dit, le 23 juin, au président ces simples paroles : « Messieurs, vous avez entendu les intentions du roi? » s’attira l’immortelle réplique de Mirabeau : « Oui, monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au roi; et vous, qui ne sauriez être son organe auprès des états généraux; vous qui n’avez ici ni place, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne