Louis XVI et la Révolution

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. | 164

par vos commettants; il vous est impérieusement prescrit par leur volonté. C’est une dette sacrée, dont vous devez vous acquitter envers Ceux qui vous l’ont impérieusement commandée. » Dans le tiers même, au début, on ne se croit autorisé à innover que sur les détails, les grandes solutions étant unanimement et inéluctablement indiquées par les cahiers : « La nation, consultée par le roi, dans toutes ses subdivisions territoriales, s’est expliquée sur tous les points qui l'intéressent, dit Malouet, le 8 juin; et pour la première fois, par un heureux accord, son vœu est unanime sur tous les points fondamentaux. Voilà done l'émission solennelle du vœu national dont nous sommes les mandataires. Ce n’est qu’en descendant dans les détails de la législation et de l'administration que nous avons le droit d’une discussion libre et d’un suffrage volontaire. »

Aussi l’éloquence aux états n’a-t-elle rien de très vivant. On aime les généralités, exposées posément, ce que Bergasse appelie le 15 juin : « Ce caractère de grandeur, cette espèce de majesté tranquille qui convient aux vérités qui ont le bien universel des hommes pour objet. » Il espère ramener les privilégiés, « sans employer d'autre moyen de persuasion que l'usage d’une raison éclairée et tranquille ». On sent encore un peu de rhétorique classique dans ces discours lus sans hâte, dans ces exordes généraux et tirés de longueur, comme celui de Malouet qui commence une étude sur la réunion des trois ordres par une tirade sur la liberté de parole. On goûte peu du reste ses trop fréquentes homélies : le 9 juin, un député du Languedoc exprime ironiquement l'espoir que Malouet « ne cessera de communiquer ses réflexions, puisqu'il n’a jamais cessé de le faire ». Une certaine défiance s'élève contre ceux qui parlent trop souvent, et se font les conducteurs de l’opinion sans qu'on le leur demande. Déjà du reste on commence à substituer l’éloquence des faits au simple verbiage. Dans la chambre du clergé, un curé, qui veut attirer l'attention sur la

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