Louis XVI et la Révolution

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lable à un amendement de Cazalès, « les plus vifs débats s'élèvent. Les injures succèdent aux raisons ».

Il est bon, du reste, de remarquer que tout ce désordre venait généralement de la minorité conservatrice. Ferrières reconnait que ses amis de la droite avaient une tenue déplorable : « À cette conduite insensée, ils joignaient une insouciance insultante et pour l’Assemblée et pour le peuple qui assistait aux séances. Ils n’écoutaient point, riaient, parlaient haut. » La gauche, au contraire, est beaucoup mieux disciplinée, respectueuse pour les observations du président. Le 26 juin 1790, « Malouet monte à la tribune. Une grande partie de l’Assemblée manifeste le vœu de ne pas l’entendre. Les membres du côté droit quittent leurs sièges, se répandent dans la salle, s'agitent et s’écrient. M. le président se couvre. La partie gauche garde subitement le plus grand silence. Le désordre continue dans la partie droite. Les membres qui Sy trouvent placés crient à l’indécence et se couvrent à leur tour ». La majorité est en général très tolérante, quoi qu’en dise l'organe de la minorité. Montlosier prétend « qu'il existe depuis longtemps deux classes d'hommes qu'on se plaît à nourrir de couleuvres et de cailloux, les ministres du Roi et les membres de la minorité ». La gauche, au contraire, écoute assez patiemment même l'abbé Maury, qui linsulte, et se montre sympathique pour des adversaires dignes de toute estime, comme Cazalès. Elle prouva bien son impartialité le 21 août 1790 ; ce jour-là, de Faucigny, s’avançant au milieu de la salle, s'écria : « Ceci a l'air d’une guerre ouverte de la majorité contre la minorité, et pour la faire finir il n'y à qu'un moyen : c'est de tomber le sabre à la main sur ces gaillardslà. » Qu'advient-il de cet appel à la violence? La majorité, après des explications du trop bouillant gentilhomme, adopte ce décret de Dubois-Crancé : « L'Assemblée nationale, ayant égard aux excuses et aux témoignages de repentir de M. de Faucigny, lui remet la peine grave qu'il a encourue. »