Louis XVI et la Révolution

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l’Assemblée, les pouvoirs de certains députés étant expirés, c’est encore aux cahiers que se réfère la noblesse.

Mais c’est bien vainement qu’on oppose ainsi les ordres d’un petit bailliage à la volonté de la France : dès le A septembre 1789, Mirabeau-Tonneau reconnait, tout en s'appuyant sur ses cahiers, que ce moyen paraît déjà tombé en désuétude; quatre mois plus tard, le 9 janvier 1790, il revient à la charge : « Quelque. défaveur qu’on ait jetée dans l’Assemblée sur la citation des cahiers, j'avoue que je ne m'accoutume pas facilement à voir un mandataire repousser l’ordre de ses commettants. » Fatigué, en effet, de s'entendre sans cesse opposer les instructions des bailliages, le côté libéral de l’Assemblée avait fini par trancher la question. Dupont est le premier, croyonsnous, qui oppose à la lettre des mandats leur esprit. Le h juillet 1789, au nom du comité des subsistances, il propose quelques moyens financiers ou économiques, pour subvenir à la misère du peuple ; on lui objecte que les mandats interdisent tout emprunt, tout impôt, avant l’achèvement de la Constitution : « Il serait fàâcheux, riposte Dupont de Nemours, que la nation assemblée ne püt que plaindre la nation ; s’il s'agissait de prodigalités, je suis persuadé qu’alors les mandats seraient impératifs ; mais l'esprit des mandats est de soulager le peuple, et d'employer les moyens les plus prompts et les plus efficaces pour y parvenir. » Puis l'évêque d’Autun, Talleyrand-Périgord, prononce un grand discours, le 7 juillet suivant, contre les mandats impératifs. C’est encore lui qui lit à l’Assemblée le projet d'adresse au pays, où il établit le droit et la nécessité pour les constituants de dépasser leurs premiers pouvoirs, et d'imposer à un bailliage isolé la volonté du pays. Lallÿ fait faire encore un pas à la question, le 7 août. Une nécessité urgente forçait les députés à voter un emprunt avant d’avoir fini la Constitution : « Qu'oppose-t-on, dit-il, que peut-on opposer à cette première nécessité, à ce preinier devoir de venir au secours de la chose publique qui périt?