Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 191

Des cahiers, dont la pluralité n'est rien moins qu'établie sur cet objet; des cahiers dans lesquels on n’a ni prévu, ni pu prévoir l'état actuel des choses ; des cahiers qu’on met perpétuellement à l'écart, dont on se souvient trop peu sur les autres objets, et qui, quand même on les rappellerait pour tous, devraient être oubliés pour celui-ci. » Après lui, Lameth proteste contre la servilité envers des cahiers qui n’ont pas tout dit. Le 3 septembre, comme l'abbé Maury faisait remarquer « qu'il ne faut point faire de longs discours pour présenter le vœu de ses commettants », Lameth réplique : « On oppose le vœu des commettants en faveur de la sanction. J'avoue qu’elle est renfermée dans la majorité des cahiers ; mais ils n’ont point arrêté la forme fixée, l'étendue déterminée, l'organisation des pouvoirs ; ils nous ont dit de donner à la France une Constitution, d'assurer le pouvoir législatif au peuple, et de remettre le pouvoir exécutif dans la main d’un seul; c’est donc à notre conscience qu’ils s’en sont rapportés sur la nature du veto. Au reste, les temps sont bien changés, depuis que nous avons reçu nos mandats. » Mais c’est à Mirabeau que revint l'honneur de terminer tous ces débats. Il prouva que les constituants avaient eu le droit de fermer leurs cahiers et de penser par eux-mêmes, d'oublier leur origine et d'aller plus loin que les espérances de leurs commettants. Répondant à l'abbé Maury, qui demandait comment et de quel droit de simples députés de bailliages, les représentants aux états s'étaient tout à coup transformés en Constituante, Mirabeau s’écria : « Les députés du peuple sont devenus Convention nationale le jour où, trouvant le lieu de l’Assemblée des représentants du peuple hérissé de baïonnettes, ils se sont rassemblés, ils ont juré de périr plutôt que d'abandonner les intérêts du peuple : ce jour où l'on a voulu, par un acte de démence, les empêcher de remplir leur mission sacrée; ils sont devenus Convention nationale pour renverser l'ordre de choses où la violence attaquait les droits de la nation. Je ne

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