Louis XVI et la Révolution

d'OS ENS ON URL IS

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demande pas si les pouvoirs qui nous appelaient à régénérer la France n'étaient pas altérés, si le Roï n’avait pas prononcé le mot régénération; si, dans des circonstances révolutionnaires, nous pouvions consulter nos commettants ; je dis, que, quels que fussent alors nos pouvoirs, ils ont été changés ce jour-là ; que, s'ils avaient besoin d'extension, ils en ont acquis ce jour-là ; nos efforts, nos travaux les ont assurés ; nos succès les ont consacrés ; les adhésions tant de fois répétées de la nation les ont sanctifiés. » Ce jour-là, 19 avril 1790, les constituants, éclairés par leur grand orateur, prenant conseience d'eux-mêmes, comprennent qu'ils ne sont pas réunis pour se livrer à un simple travail de marqueterie, pour faire un tout homogène avec des fragments de leurs mandats : de ce jour-là les cahiers ne comptent plus pour la majorité de l’Assemblée.

$ 3. — LEs ÉCRIVAINS QUI FONT AUTORITÉ.

Au contraire, l'influence des philosophes, des penseurs, se prolonge et se perpétue. Quatre auteurs surtout sont fréquemment invoqués. L'abbé Raynal, que l’Assemblée prend sous sa protection, est souvent cité, en fort bonne compagnie, avec Mably, dont la popularité est plus grande encore. Pour ce dernier, on ne se contente pas de prononcer son nom avec éloge : on lui emprunte des fragments considérables. Louis de Noailles, rapporteur du comité littéraire, s'appuie sur son autorité et le cite à ses collègues comme un des philosophes les plus dignes de leur estime. C’est Mably que l’on oppose aux raisonnements historiques de Maury. Le 19 juin 1790, l'abbé prétendant que la noblesse existait deux cents ans avant les fiefs, « il s'élève des murmures. On interrompt en disant : Lisez Mably ». Son nom et ses œuvres deviennent l’arme favorite de la gauche ; la droite, en revanche, pour ruiner son autorité, tâche de lui en opposer une autre, plus grave encore,