Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 229

rivalité du trône et de l’aristocratie, et brisé les barrières qui séparaient depuis si longtemps le roi et le peuple. » Barnave enfin reconnaît, le 25 janvier 1791, que tous les Français aiment le roi et la royauté : « Jamais, dit-il à ses collègues, vous n'avez rendu un grand décret, sans qu’on abusât du nom des choses les plus sacrées parmi les hommes; ce mot de monarchie, si cher à tous les Français (Agitation violente à droite. — Appluudissements nombreux à gauche) n’a-t-il pas été invoqué, quand vous avez rendu des décrets contre la tyrannie? » Enfin Charles de Lameth, même dans ses attaques contre le gouvernement, distingue soigneusement Louis XVI de ses ministres : « Je crois, déclare-t-il le 22 mars 1790, que nous devons séparer la cause et la conduite d’un roi que nous avons tant de raison d'aimer, d'avec la conduite obscure et sourde de ses ministres, que nous avons tant de raison de craindre. »

Ce n’est pas, en effet, de Louis XVI que la gauche se défiait, mais de son entourage, de tout ce qui formait le pouvoir exécutif, et la gauche n'avait qu'à moitié tort : « Personne à la cour, dit Ferrières, ne doutait que le roi ne recouvrât bientôt la plénitude de son autorité. Les révolutionnaires croyaient à chaque instant voir le géant colossal se relever plus fort et plus terrible que jamais. Ils attribuaient leur succès moins à sa faiblesse réelle qu'à une politique adroite : — Le pouvoir exéeutif fait le mort, — s’écriait Charles de Lameth en octobre 1789. » On oublie même les actes inquiétants du roi, sa facon de calmer les craintes de la Constituante, à propos des troubles de Paris, le 13 juillet 1789 : « La réponse du roi ne satisfait point l’Assemblée : plusieurs membres témoignent leur indignation de la tranquillité apparente du roi, au milieu du désordre général, et du peu de condescendance qu'il à pour les demandes de l’Assemblée nationale. » Les députés ne veulent plus se rappeler l'impression produite par le renvoi de Necker ; et pourtant elle avait été profonde, au témoignage

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