Mémoire sur la Bastille
234 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE
Ils marchent, et les plus frénétiques, à l’aspect de la statue de ce prince populaire, se prosternent, la bénissent; puis, transportés d'amour, ils la couronnent, l'entourent de festons, et lui mettent, ainsi qu’au cheval, la cocarde nationale.
Une autre motion, plus réfléchie et de grande importance, fut encore faite et ratifiée dans ce fameux jardin. À onze heures du matin, M. Villain d'Aubigné, du district des Feuillans, partit du Palais-Royal avec une escorte, se rendit à l'hôtel général des Postes, où il prit, avec le fils de M. le baron d’Ogny, les mesures nécessaires pour que les lettres fussent désormais inviolables.
C’est ainsi que l’on secondoit les électeurs, et que l’on alloit de toutes parts au secours de la chose publique. Bientôt nous en étions instruits, nous en profitions; et nous ne pouvions pas nous empêcher de dire que Paris se réformoit tout seul, qu'un même esprit en faisoit mouvoir tous les citoyens. En effet, tandis que M. d’Aubigné s'assuroit de l'hôtel des Postes, d’autres attendoient les courriers aux barrières et nous apportoient leurs paquets à mesure qu’ils arrivoient.
Bientôt notre bureau fut couvert de lettres timbrées de toutes les postes du royaume, et datées
Mais non... Je me trompois. Vous êtes en Suspens. … Cadédis ! Haut le bras, Madame la Victoire !
(Bib. nat., msc, fr. n° 12641, p. 230.)