Mémoire sur la Bastille

XLVI PRÉFACE

du département de la Haute-Loire qui ordonnaït la formation d’une garde départementale, destinée à protéger la Convention contre les sections parisiennes. Le 7 janvier, il prit prétexte des interruptions violentes qui accueillirent un de ses discours pour donner sa démission, que le président déclara n’avoir pas le droit d'accepter. Le procès du roi se poursuivait, ct il est évident que Dusaulx reculait devant la lourde responsabilité de juge politique, dont il n’avait pas prévu le poids. Non que la culpabilité de Louis XVI fit pour lui, non plus que pour ses collègues, le moindre doute; mais il avait vécu trop longtemps, trop heureusement, sous l’ancien régime, pour se mettre au pas de la Révolution. Il vota donc pour que la sentence de la Convention fût soumise à la ratification des assemblées primaires; et, quant à la peine, il se prononça pour la détention pendant la guerre, et le bannissement à la paix.

Malgré ce vote, Dusaulx ne fut pas maintenu, après le 31 mai 1703, sur la liste de proscription des appelants, où les Girondins occupaient la première place. Le 2 juin, il offrit encore sa démission, aussi inutilement que le 7 janvier. S'il fut épargné par la guillotine, il le dut à Marat : « J'observe, dit Marat à la séance du 1® juin, que c’est sans doute par mégarde que Dusaulx a été mis sur la liste. » Cette insinuation n'ayant pas suffi, Marat insista le 2 juin, et dépeignit son client comme un