Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

BRETAGNE, CARCASSONNE, LA ROCIIELLE 83

dus à son caractère. Les habitants avaient su que cet évêque était le ci-devant grand-vicaire de Bordeaux avant la Révolution, et qu’il avait commandé en qualité de capitaine dans la Vendée‘. Il n’en fallait pas davantage pour indisposer les esprits contre lui. J'avais ordonné à un détachement, commandé par un officier, de l’attendre hors de la ville, et de l’escorter jusqu’à son hôtel; mais l’évêque l’ayant refusé, dans l’intention de se rendre seul en ville, il en résulta que la populace, animée surtout par un individu qui se disait avoir servi dans la Vendée sous les ordres de l’évêque, l’accabla d’injures dans les rues, lança des pierres contre sa voiture, et le poursuivit jusque près de son hôtel?.

Cette indisposition des esprits contre l’évêque ne l’empêcha point cependant d'organiser son service en faisant remplacer les prêtres assermentés par d’autres qui n'avaient point prêté serment.

Dès que cette organisation fut connue, les esprits n’en devinrent que plus mutins et disposés à empêcher l'installation des nouveaux prêtres, qui devait avoir lieu le dimanche suivant. Le peuple se plaignaït hautement que l’on chassait les prêtres en qui il avait confiance, pour les remplacer par ceux qui avaient fait tant de mal à la France. L’insurrection commença dès le samedi soir, et fut occasionnée par l’imprudence des prètres agréés par l’évêque, lesquels retinrent les églises pour le lendemain, et firent travailler à remplacer les pierres

! Y. AAC, aux notes.

2 7 brumaire (29 octobre). Godart cependant dit, dans son rapport du 10 brumaire, que l'entrée de l'évêque fit peu de sensation. Ces manifestations se rapportent apparemment au lendemain. Le rapport ne mentionne pas non plus cet homme detoutes les émeutes, qui paraît et parle, connaissant les antécédents, etc., excitant et groupant la foule.

Y. ce rapport, AAD, aux notes.