Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ITALIE ET DALMATIE 105

sans qu'on püt parvenir à les rassurer. Il en resta seulement une vingtaine et les chefs qui nous furent fidèles. Cet abandon, loin d’attiédir le courage de nos soldats, ne prêta qu'à les faire rire et à leur faire dire qu'ils se passeraient bien de pareils camarades pour leur aider à vaincre les Monténégrins.

Vers le midi, l'avant-garde se mit en mouvement avec le général de division. Nous approchions des premières positions de l'ennemi; et il nous fallait traverser une portion du territoire turc ? pour y arriver. Les Montégrins occupaient la hauteur de trois montagnes très escarpées que le général de division fit attaquer sur-lechamp de front *. Pendant ce temps je fus chargé de les tourner avec mon premier bataillon afin de pouvoir les prendre en flanc. Cette manœuvre les mit en pleine déroute, et nos voltigeurs suivaient au pas de course les Monténégrins qui se retirèrent en grand nombre sur le haut d’une montagne, à deux portées de fusil *, de l’autre côté de la route que nous devions tenir.

Mon premier bataillon, commandé par le général de brigade Delzons, dut suivre le mouvement de l’avantgarde qui se portait pour attaquer le petit fort où les Russes étaient retranchés 5. Je reçus l’ordre de rester de ma personne avec mon deuxième bataillon sur la hauteur de Bergatto, pour attendre l’arrivée de l’arrière-

? Il avait sa gauche protégée par les canonnières de la rivière SantaCroce; sa droite appuyée aux hauteurs à pic et couverte par le fort Zbarine ou Zarina, dépendant du pachalik de Trébigne.

# On y avait déjà passé à Osojnik, non loin du fort Zbarine, toujours par des rochers extrêmement escarpés.

$ Vers deux heures après midi. L'avant-garde se composait alors des voltigeurs du 19° et du 81e, et des chasseurs d'Orient (Montfalcon).

+ A l’est de l'avant-garde française en marche. -

5 Molitor était en tète.