Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ARMÉES DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE 27

l’armée‘, pour se rendre dans la principauté de Chimay, ainsi que d'autres troupes, à l'effet d'y poursuivre une forte bande de brigands qui désolait le pays ?. Dans une quinzaine de jours nous dissipämes ce rassemblement. A l’exception de quinze à vingt des principaux chefs qui s’y trouvaient encore, le reste s'était enfui ou était détruit. Je restai seul avec mon bataillon à Chimay pour les poursuivre ; j'organisai plusieurs colonnes mobiles qui parcoururent la principauté, et je réussis à prendre douze de ces malheureux, qui furent jugés et fusillés à Avesnes *.

Je n'étais pas pour rester longtemps sans éprouver encore quelque désagrément. Il semblait que le sort se plaisait toujours à me susciter de nouveaux ennemis. Quatre ordonnances à cheval, faisant partie de la compagnie des guides attachés à l’escorte du général en chef, avaient été mis à ma disposition pour me servir de guidés et m'accompagner dans les courses que j'aurais à faire dans la principauté de Chimay. Je m'en servais quelquefois pour aller prendre des renseignements sur la marche des brigands. — Bientôt je sus que ces militaires, loin de remplir la mission dont je les chargeaïis, commettaient au contraire les mille et une horreurs envers les malheureux habitants qui déjà avaient été pillés par nos colonnes, et qu’ils les faisaient contribuer en mon nom. Je reçus à cet égard les plaintes les plus fortes. Après m'être convaincu de la véracité de ces rapports, je fis arrêter aussitôt ces quatre individus, et les fis conduire dans les prisons d’Avesnes pour y être

4 Y. L, aux notes. 2 Y. M, aux notes.