Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

44 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

à sauver quelque chose, ce n'avait été qu'avec beaucoup de peine.

Ne recevant donc point de secours, et ignorant où pouvait être le général que je supposais pris avec sa colonne, je me décidai à me mettre en mouvement au commencement de la nuit. Je pris à cet effet des paysans qui me conduisirent à l’embranchement des deux routes d'Immerstadt et de Kempten à Isny. Il était minuit. Là je pris position, en attendant que je pusse enfin avoir quelque indice de la marche du général. Une heure après, mes avant-postes me prévinrent que l’on entendait des bruits pas très éloignés d’eux. Je ne tardai point à me convaincre que ce bruit provenait de la marche de la colonne du général que nous vimes arriver avec la plus grand joie. On devinera sans peine que, dans une entrevue pareille, nous n’eûmes rien de plus pressé que de nous raconter réciproquement les dangers que nous avions courus. À la pointe du jour tout le monde se rendit à Ispy !.

Le lendemain nous évacuâmes les positions d’Isny, et nous retirimes sur Wangen trois lieues en arrière.

Quelques jours après, le général me donna ordre de partir à neuf heures du soir pour me porter sur Isny avec 1100 hommes d'infanterie, 200 hussards, une demicompagnie d'artillerie légère et quatre pièces de campagne.

A minuit, mon avant-garde de cavalerie fit rencontre de celle des Autrichiens qui se replia aussitôt. Je continuai ma marche jusqu'à la sortie du bois où je pris position. Nous aperçümes au moins deux cents feux de l’ennemi en deçà d’Isny, et peut-être autant de l’autre

1 V. AA, aux notes.