Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ARMÉE DU RIHIN 45

côté de la ville. Ne doutant point que ses forces ne fussent de beaucoup supérieures au miennes, et n'ayant reçu du général aucun ordre par écrit sur ce que je devais faire, je crus devoir consulter les officiers supérieurs de mon régiment à cet égard, et nous résolûmes qu'il était bon, avant que de rien entreprendre, d'envoyer prévenir le général des forces apparentes de l'ennemi, et de ne point lui dissimuler la crainte que j'avais de l’attaquer avec aussi peu de temps. Sa réponse fut d'attaquer l'ennemi, quelque fort qu’il fût, de le repousser et de m'emparer d’Isny.

Avec un ordre aussi tranchant, il n’y avait point à balancer. Je fis sur-le-champ mes dispositions d’attaque, et je donnai des ordres en conséquence.

Tous Jes avant-postes autrichiens furent vivement repoussés. Trois fois de suite mon avant-garde fut à son tour repoussée des endroits qu'elle venait d'enlever. L’ennemi, s’apercevant que je n'avais que de faibles bataillons pour la soutenir, fit marcher deux escadrons de cavalerie légère pour pénétrer mon centre. Mes quatre pièces chargées à mitraille étaient heureusement placées pour les bien recevoir. A deux cents pas des pièces, ces deux escadrons furent culbutés par la mitraille et entièrement en désordre. Pendant cette manœuvre deux bataillons autrichiens me tournaient par ma gauche. Aussitôt que je fus prévenu, je m’y portai avec une soixantaine d'hommes d'infanterie, et je parvins à arrêter leur marche. En ce moment mon centre fut forcé à la retraite. Je voulus m’y rendre pour le soutenir; mais je me trouvais déjà coupé. J’ordonnai alors à l’infanterie de gagner le bois comme elle pourrait; je pris moi-même le galop pour regagner mon centre; je fis former des patrouilles en échelons, j'ordonnai à un ba-