Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

48 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

je fus obligé, en approchant de Riedlingen, de recommencer l'attaque, de débusquer l’ennemi de la ville et de le chasser à une lieue au delà sur la route de Stuttgard. Je pris position pour la nuit. Je savais qu’un régiment d'infanterie et deux escadrons de cavalerie marchaient sur cette dernière ville pour couvrir mes mouvements, et n'être point attaqué sur mon flanc droit ; ma gauche était couverte par les montagnes de la Suisse. Je craignais donc peu d’être inquiété sur mes flancs. Le lendemain matin (15 vendémiaire), je me dirigeai sur Mengen où j'arrivai en effet sans la moindre inquiétude. Le jour suivant (16 vendémiaire), je me rendis à Mæskirch. Je ne fus pas tout à fait aussi tranquille, parce que j'avais à craindre les routes de Hechingen et Tuttlingen. Cependant aucun événement ne survint pendant la nuit. A la pointe du jour, je partis pour Stockach, et le lendemain pour Lauffenburg où je restai avec les meilleures troupes. Là, je fis filer le convoi sur Huningue, de sorte que, à l’exception d’une vingtaine de voitures de munitions qui furent brülées, faute de chevaux pour les trainer ', il arriva très heureusement à sa destination. Je me rendis ensuite à Huningue *.

A l’époque où j'avais passé le Rhin avec l’armée, mon régiment était fort de 2350 hommes présents. Il me manquait depuis environ 100 tués où blessés, 700 prisonniers et 300 malades *.

1 Eblé écrit à Moreau, le 2 brumaire (23 octobre), qu'on a perdu vingt-sept caissons, dont une partie a été brülée par ordre du général Paillard.

? Y. AD, aux notes.

5 Le général de génie Dedon, qui fit cette campagne eten publia une relation, donne l'effectif de 9,315 hommes : les pertes sont évaluées à 64 officiers et 600 sous-officiers et soldats. Au nombre des prisonniers, furent le chef de bataillon Petit, et le capitaine Boyer. Celui-ci blessé,