Mémoires sur la Révolution française

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mais je ne pouvais l'empêcher. Le duc me demanda si Champcenetz savait que je dusse le mettre dans le secret. Je l'assurai que je- ne lui en avais parlé que d’après le désir de Champcenetz, qu'il donnerait tout au monde pour voir le duc, et luiexpliquer sa conduite, qu'il avait espoir et même certitude du pardon, et que ce prince lui fournirait alors les moyens de sauver sa vie. Il répondit que c'était impossible, qu'il y aurait une grande imprudence à lui de voir Champcenelz, parce que mes gens le sauraient. J'affirmai qu’il le verraitsans qu'aucune créature humaine pûtle savoir, excepté ma femme de chambre, qu’il connaissait pour lui être très-attachée, à lui ainsi qu’à moi. Il ne parut pas s’en soucier et regardant sa montre: « Il faut, dit-il, que j'aille tout de suite à la Convention; je suis presque d'une heure en retard ; je regretle vivement de vous laisser dans la position dangereuse, où votre imprudence vous à mise; je tâcherai de

yoir ce que je peux faire pour que cet nomme sorle